De la non- homologation du stade de Yamoussoukro à la récente AG ordinaire de la FIF, Salif Bictogo, président du Stella d’Adjamé, a passé en revue l’actualité récente du football ivoirien a matchmali.ml « On aurait dû dire aux Ivoiriens que nous ne pouvions pas utiliser nos stades parce que nous les construisons en prélude de la CAN 2023 », a-t-il lâché sur la polémique liée au stade de Yakro.
Président, que vous inspire cette décision de la CAF de ne pas homologuer le stade de Yamoussoukro pour le prochain match à domicile des Eléphants ?
Je pense qu’il y a eu une mauvaise communication. La FIF a voulu absolument que la Côte d’Ivoire joue ses matches à domicile en optant pour Yamoussoukro. Or, cette infrastructure est l’une des 6 dévolues à la CAN 2023. Normalement, elle est train d’être construite. On ne peut pas homologuer un stade qui n’est pas terminé. Soyons logiques.
Devions-nous délocaliser nos rencontres avant que la CAF ne le décide à notre place ?
A partir du moment où la CAN en Côte d’Ivoire est prévue pour 2023, c’est normal qu’il puisse y avoir des stades qui soient fermés pour rénovation. On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. On aurait dû dire aux Ivoiriens que nous ne pouvions pas utiliser nos stades parce que nous les construisons en prélude de la CAN 2023. Quand on construit un bâtiment, on ne peut y habiter.
Que pensez-vous de l’émoi suscité par la non-homologation du stade de Yamoussoukro ?
Il y a là une erreur de compréhension. Dire que le stade de Yamoussoukro n’est pas homologué c’est comme s’il est achevé. A la limite celui d’Ebimpé aurait dû nous servir pour combler la fermeture du Félicia. Malheureusement, les travaux pour le changement de gazon ont débuté. A ce niveau je pense que ceux qui ont en charge le contrôle de la pelouse ont commis une erreur.
Laquelle ?
C’est toujours bon de faire appel aux sportifs que nous sommes. On peut conseiller et donner des avis parce qu’au final c’est nous qui utilisons ces stades. Les ingénieurs sont souvent forts dans le béton. Mais pas forcement sur le choix d’un type de pelouse.
La délocalisation du match contre le Malawi peut-elle être préjudiciable aux Eléphants ?
Nos joueurs sont des professionnels. Ils savent se mettre au-dessus de la mêlée. Au Bénin, ils se sentiront comme chez eux. C’est un pays frère qui bénéficie d’un bon stade répondant aux normes internationales.
Revenons à présent à l‘ AG Ordinaire du 18 septembre dernier. Que retenez-vous de ces assises ?
On attendait l’AG en juin. Mais à cause de certaines contraintes elle s’est tenue il y a une semaine. Ce fut globalement une belle AG avec beaucoup d’échanges. Beaucoup de nos pairs ont compris qu’il fallait mettre fin au laxisme et corriger nos lacunes pour repartir de plus belle.
Est-ce en raison des résolutions que vous parlez d’une belle AG ?
Effectivement, contrairement aux précédentes assises, cette AG a été celle de la vérité. Les clubs ont décidé pour une fois de ne pas donner le quitus à une comptabilité qui n’était pas bonne et qui ne reflète pas la réalité depuis des années.
C’est-à-dire ?
La première chose qui a fait que nous ne pouvions pas donné le quitus c’est que le commissaire aux comptes n’a pas vu les états financiers et les pièces justificatives afin de pouvoir les valider. Le bilan financier qui nous a été présenté était truffé d’erreurs trop criantes. On ne pouvait pas laisser passer cela.
Pouvez-vous être plus précis ?
Il y avait des zones d’ombre sur les actifs de la FIF notamment le site de la DTN et le siège de la FIF. Il y a une valorisation que nous ne pensons pas réaliste. Ensuite, le bilan nous fait croire que l’Etat nous doit 3 milliards alors que l’IGE a affirmé que les pouvoirs publics ne devaient pas un centime à la FIF. Et ce qui est encore plus criant c’est l’acquisition du car regie.
Justement qu’en est-il concrètement de ce fameux car régie ?
On a un document où trois prix nous sont donnés. Dans le bilan comptable, le car regie a coûté 527 millions de francs CFA. Sur la facture du fournisseur, c’est 492 millions. Quand on voit les virements faits du compte de la FIF vers le fournisseur pour ce même car régie, ils sont estimés à 292 millions. Dans le même temps on apprend que la même banque a fait un prêt de 412 millions que l’on doit rembourser chaque année à hauteur de 10 millions. Mais il y a plus aberrant.
C’est-à-dire ?
Dès le début du contrat avec Canal + pour les droits télé de la Ligue, la FIF nous a dit avoir emprunté 655 millions pour acheter un car régie. Pour cette même dépense, on a donc contracté deux emprunts. Au total, pour un car régie qui devait coûter 492 millions on aura emprunté au moins 1 milliard de francs CFA. Au -delà de l’emprunt, nous avons continué de payer des frais de retransmission durant toutes ces années. On a perdu triplement. Bref, il y avait tellement d’éléments contradictoires que nous étions obligés de passer au vote. Et Dieu merci, les clubs ont pris leur responsabilité et n’ont pas fait preuve de laxisme.
Comment expliquez-vous cette prise de responsabilité des clubs ?
C’est vrai que par le passé les dirigeants faisaient preuve de laxisme. Mais, je dirai qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Après avoir critiqué durant des années la gestion du précédent Comité Exécutif, la réalité des faits nous conforte dans notre position et démontre que l’on ne s’était pas trompés avec notamment le report de ce quitus.
Une tel report ne déplace-t-il pas le problème?
Je suis mal placé pour voir si ce report va résoudre les problèmes. Mais, il permet déjà au Comité de Normalisation d’auditer nos comptes profondément. Il faut que les présidents soient convaincus de la véracité des états financiers de la Fédération. On doit être assurés que chaque élément comptable possède une facture. A partir de ce moment, on saura s’il faut donner ou non le quitus.
Qu’en est –il de l’audit de la FIF ?
Le CN-FIF nous a dit qu’une partie de l’audit est à la disposition des clubs qui peuvent la consulter. Mais il n’est pas encore terminé. Le CN-FIF a révélé qu’il y a eu de la rétention d’informations. Il travaille pour disposer de tous les éléments pour boucler son audit.
Cette AG a également permis de prononcer l’amnistie de plusieurs dirigeants dont vous. Comment réagissez-vous à cette mesure ?
Je dis merci à tous les présidents. Il n’y a pas de combat fratricide entre nous. Ce sont parfois les candidats qui exacerbent les tensions. Les présidents doivent prendre conscience et savoir que la FIF est leur chose. Si nous y mettons du nôtre et que nous nous faisons confiance, on arrivera à faire de grandes choses.
Envisagez-vous une candidature à la présidence de la FIF ?
Mon rôle en tant que président est de gérer mon club. Mais l’exemple de Noel Legraet en France (ndlr : ancien président de Guingamp devenu président de la FFF) illustre qu’un président de club peut aussi diriger une Fédération. Nous connaissons mieux notre chose.
Serez-vous candidat ?
Un président bien outillé et qui a la confiance de ses pairs peut valablement diriger la Fédération. Il y a 81 personnes compétentes qui peuvent être candidates et mieux gérer notre Fédération